Le Journal des communications interplanétaires

27 Jan 2023 | A la une, Courrier interplanétaire

En 1901, le Journal des Voyages consacre sa couverture aux « habitants de Mars communiquant avec la Terre » : installés en surplomb d’un canal martien, œil rivé à l’oculaire du télescope, des astronomes martiens s’emploient à établir un relevé de la surface de la planète bleue. On ne sait trop s’ils y trouveront quelques canaux, preuve de l’existence d’êtres intelligents sur Terre…

La Belle Époque et les premières communications avec les Martiens

Les canaux martiens, observés et dessinés par son «inventeur», Giovanni Schiaparelli, astronome à l’Observatoire de Milan, ici lors de l’opposition de Mars de l’hiver 1881-1882. Crédit : coll. Agence Martienne

Due au talent de l’illustrateur Albert Robida, cette belle couverture de la revue Journal des Voyages à l’esthétique Art déco illustre un article de Wilfrid de Fonvielle, vulgarisateur scientifique. Sa « Fantaisie d’Astronome » ironise sur « le legs de 100 000 francs constitué par la veuve Guzman pour récompenser l’auteur des [premières] communications interplanétaires », accepté « après dix longues années d’hésitations, par l’Académie des sciences de Paris ». Proposé en 1891 par Mme Guzman, une riche admiratrice de Flammarion, en hommage à son fils Pierre décédé, le « prix Pierre Guzman », valable 10 ans, excluait d’emblée une communication avec la planète Mars, supposée bien trop facile, pour ne pas dire imminente…
C’est que la Belle Époque se passionne pour les communications avec les autres mondes, qu’il s’agisse du

monde spatial ou du monde astral. Ou des deux, à l’image précisément de Camille Flammarion (1842-1925) : le célèbre astronome et vulgarisateur scientifique, également féru de spiritisme, s’interroge en effet sur l’existence de la vie ailleurs, qu’elle soit sur une autre planète ou après la mort. Ne s’intéresse-t-il pas au débat sur les fameux canaux d’irrigations construits par les Martiens, transportant l’eau des pôles vers les régions équatoriales d’une planète rouge en voie de désertification (en fait, une illusion d’optique engendrée par les appareils d’observations de l’époque) ? Et s’il participe aux séances médiumniques, c’est que, selon lui, le spiritisme relève bien de la science, laquelle se doit par conséquent d’annexer ce nouveau terrain de la connaissance. 

Camille Flammarion et les forces psychiques

Reste que, malgré les progrès techniques, Flammarion considère le voyage physique vers les planètes comme à jamais impossible : « L’espace interplanétaire est infranchissable pour nos corps terrestres ». Et c’est dans un récit de fiction, Stella, qu’il livre le fond de sa pensée : « Mais, si nous pouvons être assurés que jamais on ne pourra se transporter corporellement d’un monde à l’autre, il serait téméraire de nier que jamais ces voyages ne puissent être réalisés par des êtres spirituels […] et qu’un jour une communication ne soit établie entre Mars et la Terre par les forces psychiques. »


Notre image : «Les habitants de Mars communiquant avec la Terre».
Dessin d’Albert Robida en couverture du “Journal des Voyages”, 1901.

Crédit photo : coll. Agence Martienne
Crédit article : © Yves Bosson

Portrait de Camille Flammarion (1842-1925), tout à la fois astronome, vulgarisateur scientifique, métapsychiste.
Portrait de Camille Flammarion (1842-1925), tout à la fois astronome, vulgarisateur scientifique, métapsychiste.
Crédit photo : coll. IMI / Agence Martienne

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