Lorsque l’Agence martienne part en livre…

Lorsque l’Agence martienne part en livre…

Beau livre paru chez Flammarion en 2010, directement inspiré des fonds de la photothèque Agence martienne, le Dictionnaire visuel des mondes extraterrestres a pour auteurs Farid Abdelouahab, historien de l’art et Yves Bosson, directeur de l’Agence martienne. Fort d’une iconographie exceptionnelle rassemblée ici pour la première fois, l’ouvrage explore la question de la pluralité des mondes habités, riche d’une longue tradition initiée par les atomistes grecs voici 25 siècles. Il montre comment nos extraterrestres occupent une place de choix au sein de l’histoire, des sciences et de la culture. Revue de presse et recension de l’ouvrage par Jean-Bruno Renard, sociologue et professeur à l’université « Paul-Valéry » de Montpellier III.

Les auteurs

Si les nombreux livres de Farid Abdelouahab, historien de l’art et de la photographie et commissaire d’expositions, lui ont valu prix et traductions étrangères, aucun ouvrage jusqu’à ce Dictionnaire visuel des mondes extraterrestres ne lui avait permis d’exercer ses talents d’explorateur cosmique. Pour l’enquête nécessaire à l’établissement de ce dictionnaire, il a visité plus d’une centaine de planètes habitées

en compagnie d’ Yves Bosson, photographe et directeur de l’Agence martienne, photothèque spécialisée dans les représentations liées à l’imaginaire scientifique, la science-fiction populaire et l’histoire des mondes imaginaires. De leurs aventures interplanétaires et iconographiques, ils ramènent, fruit de leur collaboration, une somme incontournable et inédite sur le sujet.

Revue de presse

« Ce dictionnaire abondamment illustré, grâce aux collections largement inédites de l’Agence martienne, fait un point abécédaire des mondes extraterrestres sous toutes leurs formes culturelles, avec des découvertes au tournant. » Libération

« Le livre se base d’abord sur l’iconographie, retenue pour son pouvoir informationnel et esthétique. Des gravures du XIXe siècle aux couvertures pétaradantes des pulps, des dessins de Robida aux instantanés plus ou moins douteux d’ovni, des planches astronomiques aux photos de séries Z, l’ensemble s’avère visuellement splendide. » L’Hebdo

« Des créatures de Pierre Boitard au «Songe» de Keppler, en passant par les Martiens goguenards de Frank Kelly Freas, ce dictionnaire jouissif s’appuie sur une splendide iconographie. » Le Nouvel Observateur

« Avec ses quelques 300 illustrations, ce vaste cabinet de curiosités nous redit de manière ludique mais informée combien l’imaginaire scientifique nous renseigne sur la science, la société et la place que l’homme pense avoir dans l’Univers. » Livres Hebdo

« L’iconographie est un délice, les textes épatants, les choix judicieux. » 24 Heures

« Le “Dictionnaire visuel des mondes extraterrestres” propose un voyage spatio-temporel dans l’imaginaire scientifique, un inventaire des rêves et des cauchemars du monde occidental. » Swissinfo

« A placer entre “Cent mots pour voyager en science-fiction” de François Rouiller et l’Encyclopédie de Pierre Versins, l’apport de cet ouvrage se situe dans sa démarche iconographique. » Le Courrier

« Largement illustré, réservant au cinéma la part qui lui revient, un dico ludique et exhaustif. » L’Express

« Le Michelin du cosmos ! » Infomagazine

« Ce curieux dictionnaire… rassemble des illustrations aussi belles que cultes. » La Recherche

« C’est toute l’histoire de l’idée d’extraterrestre et de sa représentation depuis le XVIIe siècle que nous retrace ce livre savant et captivant. Indispensable pour tous ceux qui se passionnent pour le sujet. »
Science & Vie Junior

« Comment nous représentent ces «aliens» qui nous imaginent de l’autre côté des galaxies…» Le Soir

« Le dictionnaire bénéficie du label “Beau livre” de Flammarion, éditeur héritier lui aussi d’une tradition “martienne”. » La Provence

« Ce dictionnaire propose une plongée dans l’histoire des extraterrestres agrémentée de superbes illustrations. »
Ciel et Espace

Compte rendu de l’ouvrage

> Yves Bosson et Farid Abdelouahab
Dictionnaire visuel des mondes extraterrestres
Paris, Flammarion, 2010, 288 p., 25 €


Ce très beau livre, richement illustré, plaira tout autant au grand public cultivé qu’aux fans de science-fiction et aux amateurs d’ovni et d’entités venues de l’espace.

Face à une impossible exhaustivité sur un sujet aussi vaste, les auteurs ont fait le choix d’une judicieuse sélection d’images, de thèmes et d’auteurs qui reflètent parfaitement « l’imaginaire extraterrestre », aux deux sens du mot « imaginaire » : images et croyances. L’ouvrage rend compte de la grande variété des manifestations de cet imaginaire : hypothèses scientifiques, conceptions utopiques, littérature et films de science-fiction, phénomène des soucoupes volantes, iconographie savante et populaire.

Le lecteur, sans qu’il doive nécessairement suivre l’ordre alphabétique, est invité à une promenade au travers de 167 notices qui mêlent grands classiques du genre et affaires peu connues :

• Parmi les premiers, citons les entrées sur le film Alien, Kenneth Arnold, premier témoin de soucoupes volantes en 1947, les « canaux martiens », Cyrano de Bergerac et son voyage dans la Lune, la série TV « Les Envahisseurs », Fontenelle et Flammarion, promoteurs de l’idée de pluralité des mondes habités, Louis de Funès et sa Soupe

aux choux, Star Wars, La Guerre des mondes de H. G. Wells, Lovecraft, Maupassant, les prodiges célestes, les incontournables films de Steven Spielberg Rencontres du troisième type et E.T. l’Extraterrestre, le programme scientifique SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence), la série TV « X-Files ».

• Du côté des histoires peu connues, sinon des spécialistes, mentionnons les airships fantômes de la fin du XIXe siècle, les canulars journalistiques de Richard Locke (1835), d’Edgar Poe (1835) et de Henri de Parville (1864), l’étonnante galerie iconographique des habitants des autres planètes selon le naturaliste Pierre Boitard (1838-1840), les motifs narratifs de l’enlèvement et de l’examen médical pratiqué par les extraterrestres, des « cas ufologiques » comme Prémanon et Quarouble en 1954, des notices sur des collectionneurs de faits étranges tels que l’Américain Charles Fort et le Français Aimé Michel.

À la qualité des illustrations, la plupart en couleur, s’ajoute la qualité des textes : les notices sont clairement rédigées, non sans humour, et s’appuient sur des références bibliographiques sérieuses. Les auteurs montrent fort bien, au fil des pages, que le discours sur les extraterrestres est finalement une autre manière pour les Terriens de parler d’eux-mêmes, de leurs peurs, de leurs fantasmes et de leurs espoirs.

Jean-Bruno Renard
Professeur à l’Université Montpellier III

  • Voir les entrées du Dictionnaire XT
    Accueil, comité d’
    Aélita 
    Airship
    Alien
    Alvim-Corrêa, Henrique
    Amazing Stories
    Archéologie fantastique
    Arioste, l'
    Aristotélisme
    Arnold, Kenneth
    Art contemporain
    Asimov, Isaac
    Atomisme
    Aventures du baron de Münchhausen, les  
    Aventures extraordinaires d'un savant russe
    Barthes, Roland
    Belle et la bête, la
    Biot, Jean-Baptiste
    Boitard, Pierre
    Bruno, Giordano
    Buck Rogers
    Burroughs, Edgar Rice
    "Canard" de Locke
    Canaux martiens
    Cendrars, Blaise
    Chauve souris
    Chose d’un autre monde, la
    Chroniques martiennes
    Cocteau, Jean
    Comics
    Communications interplanétaires
    Contact
    Contactés
    Copernic, Nicolas
    Cros, Charles
    Cyrano de Bergerac
    2001, l’Odyssée de l’espace
    Desert Center, souvenirs de
    Diplomatie spatiale                        
    Du Maurier, George
    Dune
    Enlèvements
    Envahisseurs, les
    E.T. l'extra-terrestre
    Examen médical
    Exobiologie
    Exomondes
    Exoplanète
    Extramartien
    Extraterrestre
    Fait divers
    Faune et flore
    Femme sur la Lune, la
    Fermi, paradoxe de
    Flammarion, Camille
    Flash Gordon
    Fontenelle, Bernard Le Bovier de
    Fort, Charles
    Funès, Louis de
    Galilée, Galileo Galilei, dit
    Galopin, Arnould
    Géants
    Gernsback, Hugo
    Godwin, Francis
    Gratte-ciel
    Guerre de 1914-1918
    Guerre des étoiles, la
    Guerre des mondes, la
    Guieu, Jimmy
    H2O
    Habitants du système solaire
    Humour
    Huygens
    Images d’Épinal
    Independance Day
    Instantanés
    Intra-Terrestres
    Invasion des profanateurs de sépultures,  l'
    Jung, Carl Gustav
    Keyhoe, Donald E.
    Kircher, Athanase
    La Follie, Louis-Guillaume de 
    La Hire, Jean de
    Langues étrangères
    Lasswitz, Kurd
    Le Jour où la Terre s’arrêta
    Le Rouge, Gustave
    Les Soucoupes volantes attaquent, les
    Littérature et BD de jeunesse
    Little Green Men
    Little Nemo
    Locomotions improbables 
    Lovecraft, Howard Phillips
    Lucien de Samosate
    Man from Mars, the
    Man from Venus, the
    Mars Attacks!
    "Martian Hop"
    Martians, go home!
    Martien du Tassili
    Martien fantôme
    Maupassant, Guy de
    Méliès, Georges 
    MIB
    Michel, Aimé
    Nizerolles, René-Marcel de
    Origine, planète d'
    Ouraniens
    Ovni
    Paniques !
    Parville, Henri de
    Paul, Frank R.
    Petit Prince, le
    Pin-up
    Plan 9 from Outer Space
    Planète des singes, la
    Planète interdite
    Pluralité des mondes
    Plutarque
    Poe, Edgar Allan
    Pôles
    Pop rock
    Prémices
    Prodiges célestes
    Pulps
    Quarouble
    Réclames
    Renard, Maurice
    Rencontres du troisième type
    Rencontre rapprochée du 3e type
    Robida, Albert
    Robinsons
    Rosny aîné, J.-H.
    Sagan, Carl
    Saint-Pierre, Bernardin de
    Science-fiction 
    Scolastique médiévale
    Sélènes, Pierre de
    Sélénites
    SETI
    Sexualités et amours
    Smith, Hélène
    Solariens
    Solaris
    Songe de Kepler
    Star Trek
    Superman
    Survivants de l’infini, les
    Tentacules 
    Tenue d’exploration
    Tintin et Bergier
    Tiphaigne de La Roche
    Urbanisme
    Vague belge
    Verne, Jules
    Versins, Pierre
    Vian, Boris
    Village des Damnés, le
    Visage de Mars
    Voltaire, François-Marie Arouet, dit 
    Voyage dans la Lune avant 1900
    Voyage de cinq Américains dans les planètes
    Welles, Orson
    Wilkins, John
    X-Files
    Xélène
    Zoo cosmique, hypothèse du


Dictionnaire visuel des mondes extraterrestres
Beau livre relié, 167 entrées, 304 photos et illustrations in et hors-texte, glossaire, bibliographie générale, références.
Un volume de 288 pages, cartonnage illustré en 6 couleurs, 166 x 226 x 28 mm, Paris, Flammarion, 2010.
Crédit article : © Jean-Bruno Renard
Maquette du livre : Marion Brisson
Crédit photo : coll. Agence Martienne

Portfolio : pages extraites du Dictionnaire visuel des mondes XT

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Et si les extraterrestres n’existaient pas ?

Et si les extraterrestres n’existaient pas ?

Serions-nous en définitive « Seuls dans l’Univers », comme le suggère l’astrophysicien et spécialiste du système solaire Jean-Pierre Bibring en titre d’un récent ouvrage très documenté et particulièrement convaincant paru chez Odile Jacob, dans lequel il questionne le concept de pluralité des mondes habités ? Un concept déjà bien ancien, apparu avec les atomistes grecs du Ve siècle avant notre ère. Pour ces derniers en effet, les mêmes causes (qui ont abouti à l’apparition de la vie sur Terre) devaient, ailleurs, produire les mêmes effets : la vie a dès lors été considérée au cours de l’histoire comme un phénomène commun dans le cosmos.

Seuls dans l’univers !

Dans « Seuls dans l’Univers », fort des connaissances acquises lors des diverses missions spatiales sur Titan, Mars, Vénus ou la comète “Tchouri” – missions pour lesquelles il a exercé diverses responsabilités de premier plan –, Jean-Pierre Bibring pointe le rôle du hasard dans l’apparition de la vie sur Terre, via une successions de contingences toutes plus improbables les unes que les autres.
Ainsi, par exemple, peu après la formation du système solaire, c’est à un type de collision très spécifique d’une protoplanète de la taille de Mars avec la Terre que l’on doit la formation de la Lune, grâce à l’accrétion des matériaux issus de ce choc. Or, notre satellite naturel assure comme l’on sait la stabilité de la planète sur son axe de rotation, d’où les saisons et leur rôle dans le cycle de la vie sur Terre.

La formation du champ magnétique terrestre, la tectonique des plaques (dérive des continents), l’apparition de l’atmosphère et d’une eau à l’état liquide et stable à la surface du globe – tous phénomènes indispensables à la vie sur Terre –, sont également des conséquences de cette collision primitive. Cette dernière eût-elle été un tant soit peu différente, avec un autre rapport de masse entre les deux corps ou un autre type de choc (frontal ou tangentiel), alors les débris ne se seraient pas satellisés – ou l’ensemble aurait totalement explosé –, et nous ne serions pas là pour en parler…
On pourrait multiplier les exemples de telles contingences. S’agissant du système solaire, il est lui-même très spécifique, puisque suite à une évolution très particulière de son histoire, il est le seul à avoir su préserver les planètes telluriques, devenues pérennes…

Pluralité vs diversité

S’il est exact qu’en théorie les mêmes causes produisent les mêmes effets, il s’avère qu’en réalité on ne retrouve jamais les mêmes causes, précisément pour des raisons de contingences. Autrement dit, si les processus sont génériques, ils prennent par contingences une infinie diversité de formes.
L’analogie avec les êtres humains permet de mieux comprendre le propos de l’auteur : bien qu’au nombre de huit milliards, aucun individu n’est identique, et n’a le même parcours de vie qu’un autre (ce dont personne ne s’étonne). Huit milliards, c’est peut-être aussi l’ordre de grandeur du nombre de planètes dans la galaxie.
Or, l’ancien concept de pluralité fait place aujourd’hui à l’idée de diversité des mondes – c’est le nouveau paradigme naissant. Diversité des êtres humains donc, comme des planètes ou des lunes de Jupiter, des exo-planètes ou des systèmes stellaires.

Tous différents : les mêmes successions de contingences, de phénomènes imprévisibles ne se répètent jamais, ni sur Terre, ni dans le cosmos.
Poursuivant son propos, l’auteur développe une pensée novatrice sur les notions d’inerte et de vivant, d’infini, et montre comment notre mode de pensée binaire nous empêche d’appréhender le monde tel qu’il est (et a dû être).
En conclusion, pour Jean-Pierre Bibring : « La Terre est devenue unique, par la connaissance approfondie qu’on en a acquise. Il ne peut plus y avoir, ailleurs, d’autre Terre ». Non seulement la Terre est unique, mais la vie sur Terre l’est également. Cette dernière serait la forme particulièrement sophistiquée de la chimie du carbone telle qu’elle s’est développée sur Terre, intimement liée à notre planète.

Une réponse au paradoxe de Fermi

Au terme de cet ouvrage aux conséquences vertigineuses, le lecteur obtiendra pour la première fois des éléments de réponse véritablement argumentés au « paradoxe de Fermi » (dont le terme et la problématique sont pourtant absents du livre) : si les extraterrestres ne viennent pas nous visiter, c’est pour la bonne raison qu’ils n’existent pas ! Et s’ils n’existent pas, il se confirme que dans son imaginaire, l’homme a bien créé l’extraterrestre à son image. À l’image de l’homme occidental.

Notre image : belle scène de “first contact” entre l’émissaire de la planète Terre et son alter ego martien.

Crédit photo : coll. Agence Martienne
Crédit article : © Yves Bosson

Ce dernier, responsable du réchauffement climatique et de l’écocide planétaire saura-t-il prendre conscience que la vie telle que nous la connaissons est consubstantielle à la Terre et qu’il est désormais… seul dans l’univers à pouvoir la préserver ?

> Jean-Pierre Bibring, “Seuls dans l’Univers” De la diversité des mondes à l’unicité de la vie, Odile Jacob, 2022, 237 p., 23,90 €

Portfolio : les extraterrestres de nos imaginaires

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Des bas de soie pour les Martiennes… !

Des bas de soie pour les Martiennes… !

Tôt le matin du 1er novembre 1954, une paysanne du nom de Rosa Lotti Dainelli traverse un bosquet proche de la localité italienne de Cennina (Province d’Arezzo en Toscane) où elle se rend pour assister à la messe en ce jour de fête religieuse de la Toussaint. Soudain, elle y fait la rencontre de deux “petits hommes” d’un mètre de haut, étrangement vêtus. Parlant un langage incompréhensible, proche du chinois, ils lui arrachent tout en souriant un bouquet de fleurs et un bas de soie noir qu’elle porte dans sa main (elle se serait déchaussée pour traverser les champs afin de ne pas couvrir de boue ses souliers du dimanche). Un peu plus loin, elle aperçoit un curieux appareil en forme de deux cônes inversés (un “fuseau”) de deux mètres de haut et d’un mètre de large, porte grande ouverte. Rosa s’enfuit – sans avoir cependant éprouvé de sentiment de frayeur – puis se retourne une centaine de mètres plus loin pour se rendre compte que toute la scène a disparu ! Elle relatera plus tard les faits aux carabiniers. A signaler que d’autres témoignages ultérieurs semblent renforcer ses déclarations.

Mais le plus intéressant n’est pas là. Rappelons les deux modèles interprétatifs proposés le plus souvent en ufologie : a) le témoin croise sur sa route de véritables Martiens et b) le témoin a totalement inventé une histoire (ici ce pourrait être par exemple pour justifier un retard à l’église). Dans les deux cas, le récit fait appel à des degrés divers et de manière plus ou moins complexe à un imaginaire scientifique et technique. S’agissant d’une observation d’un phénomène exotique par exemple, le

témoin serait amené à traduire dans notre culture une expérience vécue, de fait totalement étrangère, en puisant dans les matériaux culturels à sa disposition.

L’image qui illustre ce récit, où différentes thématiques transparaissent, est à cet égard des plus éloquente : si les lutins facétieux dans leur combinaison à cape et leur casque d’aviateur belle époque peuvent éventuellement appartenir au registre des Martiens (de petite taille mais non macrocéphales), la forme de l’engin fait par contre référence aux fusées (de celles qui furent expérimentées depuis la seconde guerre mondiale et qui représentent également l’une des thématiques de l’âge d’or de la science-fiction).

Ainsi, cette image comporte-t-elle des motifs non complètement soucoupisés — issus notamment, d’une part de la science-fiction et du roman populaire, d’autre part de l’aéronautique et de l’astronautique naissante —, tels qu’ils furent en tout cas perçus par cette paysanne du centre de l’Italie, avant qu’elle ne les réintègre à son récit. Rares sont les représentations iconographiques de ce type, totalement hybrides, où l’on perçoit des processus imaginaires à ce point en cours d’élaboration.

Cette affaire de soucoupe non encore cristallisée, apparaît comme totalement paradoxale : au même moment en effet, la grande vague européenne d’ovnis soucoupoïdes de l’automne 1954 bât son plein, notamment en France puis en Italie…

Notre image : illustration de Walter Molino pour La Domenica del Corriere du 14 novembre 1954.

Crédit photo : coll. Agence Martienne
Crédit article : © Yves Bosson

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Le Journal des communications interplanétaires

Le Journal des communications interplanétaires

En 1901, le Journal des Voyages consacre sa couverture aux « habitants de Mars communiquant avec la Terre » : installés en surplomb d’un canal martien, œil rivé à l’oculaire du télescope, des astronomes martiens s’emploient à établir un relevé de la surface de la planète bleue. On ne sait trop s’ils y trouveront quelques canaux, preuve de l’existence d’êtres intelligents sur Terre…

La Belle Époque et les premières communications avec les Martiens

Les canaux martiens, observés et dessinés par son «inventeur», Giovanni Schiaparelli, astronome à l’Observatoire de Milan, ici lors de l’opposition de Mars de l’hiver 1881-1882. Crédit : coll. Agence Martienne

Due au talent de l’illustrateur Albert Robida, cette belle couverture de la revue Journal des Voyages à l’esthétique Art déco illustre un article de Wilfrid de Fonvielle, vulgarisateur scientifique. Sa « Fantaisie d’Astronome » ironise sur « le legs de 100 000 francs constitué par la veuve Guzman pour récompenser l’auteur des [premières] communications interplanétaires », accepté « après dix longues années d’hésitations, par l’Académie des sciences de Paris ». Proposé en 1891 par Mme Guzman, une riche admiratrice de Flammarion, en hommage à son fils Pierre décédé, le « prix Pierre Guzman », valable 10 ans, excluait d’emblée une communication avec la planète Mars, supposée bien trop facile, pour ne pas dire imminente…
C’est que la Belle Époque se passionne pour les communications avec les autres mondes, qu’il s’agisse du

monde spatial ou du monde astral. Ou des deux, à l’image précisément de Camille Flammarion (1842-1925) : le célèbre astronome et vulgarisateur scientifique, également féru de spiritisme, s’interroge en effet sur l’existence de la vie ailleurs, qu’elle soit sur une autre planète ou après la mort. Ne s’intéresse-t-il pas au débat sur les fameux canaux d’irrigations construits par les Martiens, transportant l’eau des pôles vers les régions équatoriales d’une planète rouge en voie de désertification (en fait, une illusion d’optique engendrée par les appareils d’observations de l’époque) ? Et s’il participe aux séances médiumniques, c’est que, selon lui, le spiritisme relève bien de la science, laquelle se doit par conséquent d’annexer ce nouveau terrain de la connaissance. 

Camille Flammarion et les forces psychiques

Reste que, malgré les progrès techniques, Flammarion considère le voyage physique vers les planètes comme à jamais impossible : « L’espace interplanétaire est infranchissable pour nos corps terrestres ». Et c’est dans un récit de fiction, Stella, qu’il livre le fond de sa pensée : « Mais, si nous pouvons être assurés que jamais on ne pourra se transporter corporellement d’un monde à l’autre, il serait téméraire de nier que jamais ces voyages ne puissent être réalisés par des êtres spirituels […] et qu’un jour une communication ne soit établie entre Mars et la Terre par les forces psychiques. »


Notre image : «Les habitants de Mars communiquant avec la Terre».
Dessin d’Albert Robida en couverture du “Journal des Voyages”, 1901.

Crédit photo : coll. Agence Martienne
Crédit article : © Yves Bosson

Portrait de Camille Flammarion (1842-1925), tout à la fois astronome, vulgarisateur scientifique, métapsychiste.
Portrait de Camille Flammarion (1842-1925), tout à la fois astronome, vulgarisateur scientifique, métapsychiste.
Crédit photo : coll. IMI / Agence Martienne

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La soucoupe volante qui n’en était pas une… ou l’affaire princeps de Kenneth Arnold

La soucoupe volante qui n’en était pas une… ou l’affaire princeps de Kenneth Arnold

Incroyable : la première observation de soucoupe volante – à l’origine de toute l’affaire pour avoir lancé l’expression elle-même – n’avait rien… d’une soucoupe volante ! Le dossier ovni démarre très fort en effet avec une première méprise de taille : en rapportant le 25 juin 1947 à l’East Oregonian, le journal de Pendleton, son observation faite la veille de neuf objets volants – en formes de croissant et de moitié de disque – Kenneth Arnold (1915-1984) utilisa le terme de “soucoupe” pour décrire, non pas la forme, mais la trajectoire des objets, à l’image de ces galets que l’on fait rebondir sur l’eau ! Pourtant, la toute première dépêche de l’histoire de l’ufologie parla de “saucer-like object flying at incredible speed”.

Le collage de deux mots entre eux (saucer et flying), qui sera immédiatement utilisé par la presse le jour même, semble n’avoir pas été sans influence sur les témoignages de plusieurs générations d’observateurs, lesquels feront bien, eux, la description de soucoupes volantes vues dans le ciel…

On le sait, le dossier ovni est pour l’essentiel constitué d’une longue suite de notifications de faits hétérogènes, frénétiquement compilés depuis, aujourd’hui même, 75 ans. Avec comme origine cette affaire – peut-être la plus intéressante de toute, la seule, par définition, à n’avoir pas été influencée par une précédente histoire de soucoupes… – involontairement lancée par Kenneth Arnold en sa qualité de tout premier témoin. Rappelons que c’est aux commandes de son avion personnel, alors occupé à localiser un appareil écrasé à proximité du Mont Rainier (État de Washington) que cet homme d’affaire américain et pilote privé de Boise dans l’Idaho, observa ces fameux objets évoluant à une vitesse supersonique encore jamais atteinte à l’époque. Très intrigué par la vitesse des objets, son premier réflexe fut d’en aviser le FBI à Pendleton (avec le début de la guerre froide, on pense aux Soviétiques, pas encore aux Martiens). Bureau fermé, il alla s’informer au journal local. La première invasion de soucoupes de l’histoire est en marche.

Représentation approximative de la toute première observation de soucoupes volantes, le 24 juin 1947 au Mont Rainier (État de Washington), rapportée par Kenneth Arnold.
Crédit photo : coll. Agence Martienne

Notre image : Devant son avion – un CallAir à bord duquel il effectua son observation du 24 juin 1947 – Kenneth Arnold pose fièrement avec en main une caméra nouvellement achetée, au cas où… car il fut non seulement le premier témoin, mais aussi le premier enquêteur de l’histoire de l’ufologie !
Première de couverture de Flying Saucers from other worlds, 1958.

Crédit photo : coll. Agence Martienne
Crédit article : © Yves Bosson

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«La Lune est habitée !»

«La Lune est habitée !»

Dix ans avant Apollo 11, l’hallucinante affirmation du Courrier interplanétaire.

Le Courrier Interplanétaire – périodique édité à Lausanne puis à Ferney-Voltaire de 1955 à 1969 – fut l’organe d’expression de l’Association mondialiste interplanétaire d’Alfred Nahon, graphologue et psychologue français. Au sommaire : pacifisme, mondialisme, « antiatomisme » et soucoupes volantes…

En « une » de cette livraison de novembre 1959, il est question d’« anomalies lunaires », à savoir d’étranges phénomènes supposément d’origine extraterrestre, à l’instar de lumières et autres formations géométriques semble-t-il temporairement observées à la surface de la Lune.

S’il ne saurait être question ici de mettre en doute le pouvoir de prédiction du Courrier interplanétaire (n’a-t-il pas prévu l’intitulé de la présente rubrique !), il semble cependant que son titre de « une » n’ait jamais été véritablement confirmé à ce jour. Une seule piste à suivre pour qui voudrait vraiment trouver des signes d’habitabilité de la Lune : l’exploration imaginaire de l’espace ! Et voici pourquoi : lorsqu’avec Copernic et la parution de son traité héliocentriste en 1543, le Soleil prit la place de la Terre au centre du monde, cette dernière fut alors reléguée au rang de planète ordinaire.

Les pluralistes les plus convaincus – ces savants séduits par le concept de pluralité des mondes habités – en déduisirent que les autres planètes devaient être par conséquent elles aussi des terres comme la nôtre, à savoir des terres potentiellement habitables. Dès lors, c’est par le récit utopique, la satire ou le conte philosophique que l’homme ira explorer les corps célestes les plus proches, à commencer par la Lune. Le Songe de Kepler en 1634, L’Homme dans la Lune de Godwin en 1638, La Découverte d’un nouveau monde de Wilkins toujours en 1638, ou encore l’Histoire comique des Estats et Empires de la Lune de Cyrano de Bergerac en 1657 consacreront le XVIIe siècle comme étant celui de la Lune… d’une Lune habitée !

Il faudra attendre le XIXe siècle pour confirmer par l’image l’habitabilité du satellite naturel de la Terre et valider par anticipation le titre du Courrier interplanétaire : « La Lune est habitée » par les Sélénites que d’imaginatifs illustrateurs proposeront alors aux lecteurs de récits de voyages extraordinaires. A témoin, cette rencontre en 1889 avec un habitant de la Lune, dans les Aventures extraordinaires d’un savant russe de G. Le Faure et H. de Graffigny.


Image à la une : «La Lune est habitée !» 10 ans avant Apollo 11, l’incroyable affirmation de Courrier Interplanétaire (novembre 1959) ! Une publication de l’Association mondialiste interplanétaire d’Alfred Nahon.


Image de gauche : On ne peut pas dire que les habitants de la Lune se distinguent de nous par leur morphologie : d’une taille de plus de cinq mètres, voici un Sélénite abondamment chevelu et doté d’esgourdes particulièrement développées, assurant une parfaite audition en toute circonstance. Qui plus est, la pauvre créature sans doute anorexique est vêtue de haillons. Illustration de Henriot pour les Aventures extraordinaires d’un savant russe de G. Le Faure et H. de Graffigny (1889).


Crédit photos : coll. Agence Martienne
Crédit article : © Yves Bosson

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